La Juste Trace

La Juste Trace, pour moi, c’est un média que j’ai créé autour de la question de la trace : ce qu’on laisse derrière nous, la trace que l’on choisit de déposer en conscience ou celle que l’on laisse malgré nous.
C’est un espace de conversation où j’invite des commissaires d’exposition, des artistes, et des personnes qui composent avec le sensible, à réfléchir à la place de la trace dans leurs gestes et leurs parcours.

Sur cette page, j’imagine un espace d’écho : une empreinte qui se transforme, qui évolue au fil des rencontres.
Un espace qui n’est pas figé, qui fonctionne comme une matière vivante.

On peut y retrouver les épisodes, mais aussi une mise en relation des voix invitées : des citations qui se juxtaposent autour de la trace, un peu comme une conversation fictive où les pensées se croisent, s’entremêlent et dialoguent entre elles.

Delphine Melliès – 2025

La trace, chez Delphine Melliès, trouve ses marques dans ses souvenirs.
À l’image des enfants qui enfilent les chaussures de leurs parents pour avoir l’impression de faire comme eux, Delphine rejoue ces gestes transmis en mettant ses mains dans les leurs. Que ce soit par la performance ou par la sculpture, elle épouse l’image qu’elle garde de ces personnes et la transforme en la faisant devenir sienne.

Pour Delphine, il s’agit de se mettre dans leur corps, ou de prendre place à l’intérieur du moule d’un objet, pour rejouer le souvenir par la répétition.
La trace devient alors un théâtre de gestes, toujours maladroits, toujours réactivés le temps d’une performance ou de la duplication d’un objet.Cette trace existe sur une durée limitée, mais se réactive inlassablement par les gestes de Delphine. Des gestes extraits du quotidien de ses êtres chers, devenus des monuments à la gloire des personnes. Elle étire dans le temps le banal de ces gestes et les objets qui peuplent ses souvenirs.

Épisode 1 : Comment un geste hérité devient œuvre vivante ?

Épisode 2 : Quand les rites funéraires croisent la fête d’anniversaire.

Épisode 3 : Ce qu’il reste quand les mots s’effacent.

Pierre Duval – 2025

Au cœur de sa recherche curatoriale, Pierre Duval questionne l’acte de témoigner. Nourri par des auteurs plus anciens, il conçoit l’écriture comme une continuité : un geste qui s’inscrit dans le temps long et qui accompagne l’évolution des artistes de leur époque.

Pour lui, la trace est un aller-retour constant entre l’artiste, l’atelier et le regard qu’il porte sur une œuvre au fil du temps. Elle n’est pas de l’ordre de l’archive : elle se réactive sans cesse, par les échanges, par l’écriture, par les nouvelles pistes de recherche plastique.

Chez Pierre Duval, la part belle est laissée au temps, au geste de laisser infuser les mots sur la page blanche, à la quête des mots justes qui accompagnent sa recherche de justesse.

Son attention se porte autant sur les gestes de scénographie que sur la manière de regarder une œuvre, de mettre en relation des pratiques qui pourraient sembler antinomiques, ou de faire dialoguer des œuvres du passé avec celles du présent.

C’est là que se tisse la continuité. C’est là que, pour lui, se fait trace.

Épisode 1 : Témoigner du temps

Épisode 2 : Ce qui relie les œuvres

Épisode 3 : Où écrire quand tout s’accélère ?